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ECLAIR : une
réforme pour casser l’école
Eclair: Qu'est ce que c'est? - témoignage (février 2012) Rappelons-nous des origines du projet ECLAIR. Annoncé dans la foulée des états généraux sur la sécurité à l’école en mai 2010, il s’inscrit totalement dans le projet pour l’école du gouvernement : exfiltrer de bons éléments des établissements et offrir aux autres une éducation au rabais, rejetant de fait la responsabilité de l’échec scolaire sur les élèves et leurs familles. On trouve ce glissement vers l’individualisation dès 2006, dans la politique de De Robien où l’on passe d’une notion de zone à une notion de public : sélection progressive d’un petit nombre de « méritants », recentrage sur les destinées scolaires individuelles qui dédouane l’institution de ses responsabilités en matière d’échec scolaire.
Le projet ECLAIR a aussi été l’occasion pour le gouvernement d’expérimenter des mesures destinées à tous les autres établissements et écoles : notation, autonomie des chefs d’établissements, attaque sur les statuts (même si ce dernier point a été en partie retoqué par le Conseil d’État (voir p.2).
Il est aussi le support d’une autre visée du gouvernement, l’école du socle. Cette dernière notion n’apparait pour l’instant dans aucun texte officiel, mais les recteurs et les inspecteurs d’académie ont l’air plus au courant de ce qui nous attend. L’école du socle semble construite pour servir de gare de triage pour les 50% des élèves que la stratégie de Lisbonne ne destine pas aux études supérieures.
A l’heure actuelle, aucun bilan n’a été présenté que ce soit sur le plan pédagogique ou sur celui de la vie scolaire.
Enfin, le Ministre a annoncé une nouvelle procédure spécifique pour l’affectation dans les établissements ECLAIR : le 15 février 2012, les postes disponibles seront publiés et un mouvement sera alors organisé sans aucune transparence, sans barème, sans égalité de traitement … Ce mouvement serait ouvert aux fonctionnaires des trois versants de la fonction publique (Etat, Hospitalière, Territoriale), affaiblissant davantage nos statuts.
Pour la CGT Educ’Action, ce dispositif est inacceptable et constitue une déréglementation de l’enseignement public. La CGT revendique une réelle politique ambitieuse pour l’éducation prioritaire afin de donner plus à ceux qui en ont le plus besoin.
Anne-Sophie Leymarie, Laurent Igheroussene, Samuel Serre ECLAIR : qu’est-ce que c’est ? Expérimenté à marche forcée en 2010-2011 dans 105 établissements du 2d degré et 10 académies, le programme ECLAIR touche, à la rentrée 2011, 30 académies, 2116 écoles, 297 collèges et 28 lycées. Officiellement les Réseaux Ambition Réussite intègrent le programme et disparaissent en tant que tels. Avec ce dispositif, c’est bien une volonté de démanteler l’éducation prioritaire qui amplifie l’orientation amorcée avec le passage en RAR (2005) : seuls les quelques établissements « EP1 » conservaient leurs moyens, quand tous les autres n’héritaient que la portion congrue. Le 14 octobre 2011, le Conseil d’État a retoqué (très) partiellement la circulaire 2010-096 du 7 juillet 2010 en annulant l’affectation pour une durée de 5 ans des personnels enseignants, d’éducation, administratifs, sociaux et de santé.
Pour autant, toutes les autres grandes lignes du programme demeurent :
- Sur le plan pédagogique, il est interdit d’interdire ! Centré sur les quelques compétences de base du socle commun, le dispositif, au nom de l’innovation, fait voler en éclat le cadre national des programmes et permet la mise en place de « projets pédagogiques » dérogatoires à toutes les règles en vigueur (horaires règlementaires, organisation par division, monovalence des enseignants de collège…) En bref, par un curieux raisonnement, la liberté pédagogique devient obligatoire et fait l’objet d’une évaluation.
- Sur le plan statutaire une subordination accrue des personnels. A terme, le chef d’établissement aura la main sur le recrutement des personnels. D’ores et déjà, le recrutement peut se faire sur profil, sans passer par le mouvement national, et les enseignants peuvent se voir confier une « lettre de mission » (fiche de poste, objectifs qualitatifs et quantitatifs...) Ces derniers seront ensuite évalués et pourront bénéficier d’une prime de performance. Si une telle réorganisation ne leur convient pas, ils sont « encouragés à rechercher une affectation plus conforme à leurs souhaits ».
- Sur le plan de la vie scolaire : ECLAIR introduit une hiérarchie intermédiaire à travers la création du Préfet des études, aux tâches aussi nombreuses que variées (et au nom évocateur) : « agent de coordination, de planification, de formation et d’animation, de suivi des élèves, de liaison, de climat scolaire et de suppléance ...»
Bref, le label ECLAIR déroge à toute règle en vigueur, pour les personnels et les élèves.
Dérégulation et renoncement politique au principe fondamental d’Éducation prioritaire, à la lutte contre les inégalités scolaires, à la démocratisation de l’école sont hélas sans ambigüité !
Chronologie de l’Éducation Prioritaire
Je souhaite
vous faire profiter de ma toute nouvelle expérience. Je suis arrivée en 2002
comme titulaire dans un lycée Gardois situé à 60 km de mon domicile. J'y ai
enseigné pendant 7 ans avant de demander un poste plus près de mon domicile. Ce
poste a été supprimé l'année de mon arrivée, j'ai donc subi une mesure de catre
scolaire. Dans mon précédent établissement il n'y avait plus assez d'heure pour
que je puisse récurérer le poste, j'y ai donc été nommé comme TZR depuis 2 ans.
J'enseigne donc dans cet établissement depuis 9 ans. Cette année la DGH permet
de dégager suffisamment d'heures pour recréer le poste mais le lycée passe
ECLAIR à la rentrée prochaine et le poste apparait donc à la bourse nationale
des postes ECLAIR. Pour espérer obtenir ce poste je dois postuler sur Iprof avec
un C.V., une lettre de motivation et un entretien avec mon proviseur, qui
choisira parmi les postulants. Inutile de vous dire que je suis un peu inquiète
puisque la fiche de poste (faite par le proviseur) stipule "poste à plein temps"
(j'ai une décharge), enseignement possible dans une autre discipline (ce que
j'ai toujours refusé). Voila, tout va pour le mieux, il (le proviseur) peut
refuser de me recruter je suis syndicaliste, mais c'est aussi le risque pour les
mères de familles, les collègues de + de 50 ans, les malades, les noirs, homo.
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